Histoire de L’Hôtel-Dieu Saint-Jacques

Siège des Hôpitaux de Toulouse, l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques abrite depuis les années quatre-vingt les directions centrales du CHU et, à ce titre, assure une mission politique, économique, sociale et stratégique. Dans ce contexte, l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques a pour vocation de développer des relations de partenariat avec de nombreux acteurs de la vie scientifique, économique et culturelle, au plan régional et international.

L’Hôtel-Dieu Saint-Jacques est aussi le siège de l’Institut européen de télémédecine et abrite le Centre européen de recherche sur la peau et les épithéliums de revêtement CERPER (groupe Pierre Fabre).

Emblème d’une histoire hospitalière et régionale à l’inépuisable richesse, l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques, au cœur de la vie toulousaine, est un site protégé et classé au patrimoine national.

Il fait régulièrement l’objet de restaurations, grâce à la participation de la DRAC, des Hôpitaux de Toulouse et de l’association des Amis de l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques et de La Grave.
En 2000, l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO (Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle).

L’Hôtel-Dieu Saint-Jacques

Berceaux des soins, l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques et l’Hôpital Saint-Joseph de La Grave près des berges de la Garonne représentent l’un des patrimoines historiques les plus prestigieux de la ville de Toulouse. Ils sont les témoins des valeurs humaines et professionnelles qui ont fondé la tradition et la culture de l’Hôpital.
Le devenir des Hôtels-Dieu fait actuellement l’objet d’un débat dans le cadre du plan de modernisation des établissements "Hôpital 2007" et notamment avec la fermeture d’une dizaine d’hôtels-Dieu à l’horizon 2010-2012.

Un colloque sur ce thème a été organisé au Sénat par la Société Française d’Histoire des Hôpitaux afin de suggérer des pistes de réflexion en croisant les expériences marquantes de tranformation menées en France et dans d’autres pays européens. Vous pouvez consulter le document présenté par le CHU de Toulouse au Sénat les 3 et 4 février 2006 sur la reconversion de l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques.

Définition de L’Hôpital médiéval occidental
A la différence de l’Antiquité, sur le plan de l’esprit, le Moyen-Age chrétien applique le principe de la charité évangélique qui inspire la conception de l’hôpital, création originale du Christianisme (les Hôpitaux sont une invention de l’Eglise dans l’Empire Byzantin au IVème siècle de notre ère). Les hôpitaux chrétiens sont les précurseurs des soins universels (mais pour les catholiques seulement jusqu’en 1789) et gratuits pour les pauvres. Il n’attend de l’hospitalisé pauvre rien en contrepartie : la charité est le maître-mot au Moyen-Age (celui d’« assistance », à connotation laïque, sera celui du XVIIIème siècle). Cependant, à défaut de soins efficaces aux corps, c’est surtout l’âme qui doit être sauvée.
Les fondateurs d’hôpitaux ne concevront pas d’établissements sans prêtres, sans secours religieux. L’évêque est au centre de l’organisation de la charité ; il a le droit d’inspecter les établissements charitables de son diocèse et d’exiger des comptes de leurs administrations.
Les hôpitaux médiévaux sont des fondations [1]. L’administration est nommée par le fondateur. Chaque hôpital ainsi créé possède un patrimoine indépendant (il peut acquérir, aliéner), il est autonome, possède sa propre personnalité juridique, est sous le contrôle de l’évêque seul jusqu’au XIVème siècle, puis est de plus en plus laïcisé.
Peu nombreux jusqu’au XIème siècle, les hôpitaux vont surtout se développer au XIIème siècle et s’épanouir au XIIIème siècle dans les villes avec les hôtels-Dieu situés sur les itinéraires des pèlerins, généralement à l’entrée des ponts franchissant les fleuves.

L’Hôtel-Dieu Saint-Jacques n’est pas le premier établissement dont on conserve la trace à Toulouse : Construit en 1080 l’Hôpital Saint-Raymond est le premier établissement hospitalier de la ville dont il reste une trace dans le bâti ; il a été édifié au niveau de la plus importante étape du chemin de Saint-Jacques de Compostelle : Saint-Sernin. En 1633, le mémorialiste Guillaume Catel répertorie 30 établissements hospitaliers.

Voir aussi : le rôle de l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques dans le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle pour davantage d’informations sur les petits établissements hospitaliers du Moyen-Age.

[1] donation à une église déterminée avec charge d’accomplir à perpétuité, d’après les vues du donateur, l’œuvre arrêtée par lui

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La genèse de l’Hôpital Saint-Jacques « du-bout-du-pont »

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1130-1140, attestation de l’existence de l’Hôpital Sainte-Marie de la Daurade, rive gauche de la Garonne, (avant lui existait « la charité Sainte-Marie ») grâce à un legs d’un prieur [1] Bénédictin de la Daurade (Hospitale Beate Mariae). Cet établissement répond à l’augmentation nécessaire des capacités d’accueil pour les malades et les pèlerins venant de la route d’Auch ; cet établissement charitable est alors considéré comme bien d’église, privilégié et protégé comme tel.
- 1141, le Comte Alphonse Jourdain autorise la construction d’un pont, le Pont de la Daurade, entre l’Hôpital Sainte-Marie et le Couvent de la Daurade. Ce pont va servir pendant cinq siècles. C’est sa dernière pile que l’on peut voir aujourd’hui accolée à l’Hôtel-Dieu.
- 1225-1227, grâce au legs d’un terrain par Arnaud d’Aragon, prieur de la Daurade, un nouvel établissement charitable est édifié pour recevoir les nécessiteux : l’Hôpital Nouvel ou Novel (du nom de leurs architectes Rosergio et Bertrand de Novelo), bâti sur pilotis de chêne, plus vaste que son voisin l’Hôpital Sainte-Marie auquel il sera associé en 1313.
- 1257, date considérée comme celle de la fondation officielle de l’Hôpital Saint-Jacques avec un nouvel acte de donation du prieur de la Daurade Bertrand de Saint-Géniès le 5 janvier : « officiellement confié aux membres et bayles de la confrérie Saint-Jacques ».
- 1313, l’Hôpital Sainte-Marie de la Daurade et l’Hôpital Nouvel sont réunis pour former l’Hôpital Saint-Jacques du Bout-du-Pont, qui ne cessera par la suite de s’agrandir. Des voûtes et des arcs vont relier matériellement les deux bâtiments en 1560.

[1] supérieur d’un prieuré (communauté religieuse non érigée en abbaye)

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1ère restructuration Hôpital Saint-Jacques : XIV° et XVI° siècle
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1333, en janvier de cette année, on recense 22 religieuses travaillant à l’Hôpital Saint-Jacques : ce sont les Sœurs de la Daurade.
- 1398, le testament d’Arnaud d’Avignon mentionne 14 hôpitaux et 3 léproseries à Toulouse... 1 siècle plus tard, on mentionnera 24 établissements hospitaliers et en 1515 deux arrêts du Parlement réduisent à 5 le nombre des petits hôpitaux.
- 1528, l’Hôpital Saint-Jacques bénéficie de plusieurs agrandissements jusqu’en 1541.
- 1540, le Parlement, devant les nuisances causées par la dissémination d’une multitude d’Hôpitaux dans la cité et les faubourgs, décide d’en réduire le nombre, qui passe de 30 en 1473 à 5 en 1540, et de les placer sous une administration commune située à l’Hôpital Saint-Jacques du-bout-du-pont. Après la « restructuration », celui-ci est obligé de recueillir les enfants abandonnés, dont la charge était jusqu’alors celle de l’Hôpital du Taur.
- 1541, François 1er, dans ses lettres patentes, arrête le projet de construction d’un nouveau pont en remplacement de celui de la Daurade dont les crues emportent périodiquement les arches ; de plus, ce pont ne suffisait plus à assurer le passage des nombreux pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle.
- 1554, l’Hôpital Saint-Jacques devient Maison-Dieu ou Hôtel-Dieu, c’est alors l’hôpital le plus important de la ville, il est transformé, agrandi et la chapelle remise à neuf.
Le Pont de la Daurade, devenu Pont Couvert (parsemé de boutiques), est de plus en plus fragilisé par les inondations de la Garonne, fréquentes à Toulouse. Devenu de moins en moins sûr, on commence en 1554, après l’autorisation royale de François 1er, à construire un nouveau pont : le Pont Neuf. Son édification a duré presque un siècle ; long de 230 mètres, il est ouvert à la circulation en 1632.
La vie de l’Hôtel-Dieu est en effet depuis toujours rythmée par la Garonne, avec par exemple le lavage du linge de l’hôpital qui s’effectuait sur un radeau accroché au niveau du fleuve.
La batellerie y est nombreuse et les bâtiments de l’Hôtel-Dieu sont d’ailleurs souvent abîmés par les erreurs de pilotage des bateaux accostant vers les deux portes sous l’hôpital.
- 1574, le 7 février, un incendie anéantit une grande partie de l’Hôtel-Dieu.

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L’Hôtel-Dieu Saint-Jacques au XVII° siècle

Avec la baisse de fréquentation du sanctuaire de Compostelle, le nombre de pèlerins diminue. Parallèlement à ce fait, l’Hôtel-Dieu va subir de multiples transformations pour accueillir les malades en surpopulation de son voisin l’Hôpital La Grave.

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Entre 1608 et 1639, les inondations emportent peu à peu le Pont Couvert de la Daurade, laissant deux de ses piles émerger du fleuve ; une seule subsiste aujourd’hui.
L’Hôtel-Dieu va faire l’objet de beaucoup de constructions tout au long du XVIIème siècle :
- en 1611 la salle des femmes est ouverte et en 1632 la salle des enfants ;
- en 1670 on aménage la salle des convalescents.
- en 1685, on construit l’aile transversale de l’Hôtel-Dieu, perpendiculaire au fleuve.
- en 1684, des 5 hôpitaux issus de la première restructuration, ne subsistent plus que l’Hôtel-Dieu et La Grave

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Les bienfaiteurs des hospices

Pendant le XVIème siècle et tout au long du XVIIIème siècle, les bienfaiteurs des hospices, souvent très généreux, ont été nombreux à faire don ou legs de tout ou partie de leurs biens sous forme matérielle ou pécuniaire. Leurs portraits vont, pendant quatre siècles, orner les grandes salles des malades, les salles d’honneur et les couloirs des hospices. En 1869, Hyacinthe Carrère, pour la rédaction de son guide des étrangers dans Toulouse, visita les hôpitaux et maisons de charité de la ville et dressa un inventaire des portraits de bienfaiteurs qu’il y a trouvé. Il a identifié 298 tableaux avec dédicace représentant 253 personnages (plusieurs personnes ayant leur image dans deux ou même trois établissements). En ce qui concerne les portraits de bienfaiteurs illisibles (abîmés) ou même en bon état mais sans dédicace, Carrère parle d’un « très grand nombre » (sic) d’œuvres...Les historiens pensent qu’il n’a certainement pas utilisé ce terme pour quelques dizaines de tableaux seulement. On peut alors estimer qu’en 1869 il devait y avoir plus de 500 portraits au total. Les 298 tableaux identifiés étaient détenus par 10 établissements ; parmi eux l’Hôtel-Dieu en abritait 138 et la Grave 79.
Aujourd’hui, l’Hôtel-Dieu ne possède plus que 21 portraits de bienfaiteurs et la Grave 1...aucun antérieur au XVIIIème siècle.

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L’Hôtel-Dieu sous l’Ancien Régime, fin XVII° et XVIII° siècle

Du Moyen-Age à la Révolution, l’Hôpital fonctionne sur le mode d’une fondation, en institution autonome, placé sous l’autorité de l’Archevêque, des Capitouls et des membres du Parlement Royal. Des règlements très précis fixent les conditions d’admission et de séjour des malades et des incurables. L’Hôtel-Dieu est un lieu de soins charitable, mais strictement réservé aux malades catholiques et interdit aux mendiants.
- 1641, les émules toulousains de Saint-Vincent de Paul fondent la Compagnie du Saint-Sacrement qui créent plusieurs œuvres caritatives : orphelinats, « bouillons des pauvres », ateliers de Charité etc ...
- 1685, un édit de Louis XIV interdisant le vagabondage interdit aussi, par extension, le pèlerinage.
- 1689, arrivée de l’Ile-de-France des filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul. Pour deux siècles et demi, 24 « Sœurs Grises » (nom inspiré de la couleur de leur robe de bure) ou « Sœurs de Saint-Vincent de Paul » prennent leur fonction à l’Hôtel-Dieu. Elles ne vont le quitter que lorsque la science médicale (la professionnalisation des soins) va remplacer le principe de charité dans l’hospitalisation. Leurs « cornettes blanches » (leur coiffe) disparaissent en 1964.
La dernière Sœur quitte l’Hôpital au début des années 1980.
- 1692, le 26 septembre, le chanoine [1] de Saint-Etienne, Jean de Rudelle, donne par testament 20 000 livres en rentes pour fonder un hôpital destiné à accueillir les pauvres ayant des maladies incurables, ce qui va devenir entre 1702 et 1717 l’aile gauche de l’Hôtel-Dieu, du côté de la rue Viguerie. L’ensemble des bâtiments a alors la forme d’un « U » ouvert sur le Pont Neuf.
Les incurables allaient enfin être admis à l’Hôtel-Dieu et allaient pouvoir vivre dans des quartiers décents.
- 1716, construction du grand escalier d’honneur et d’une verrière à l’Italienne qui prend le jour sur la Garonne et surplombe l’arche restante de l’ancien Pont de la Daurade.
- 1727, septembre, une inondation ravage le cimetière de l’Hôtel-Dieu et provoque la mort de 52 religieuses du Couvent des Bons Pasteurs. Le Roi accorde, pour réparation des dommages, 727 livres à l’Hôtel-Dieu et 2430 à la Grave également touché.
- 1729, le 27 décembre, un arrêt du Parlement de Toulouse institue à l’Hôtel-Dieu la création d’une maternité (notion inconnue avant 1705). Pendant longtemps, les accouchements à l’Hôtel-Dieu étaient interdits.
Il faut attendre la Révolution Pasteurienne pour remédier aux infections puerpérales qui atteignaient des proportions énormes.
D’autres missions sont confiées à l’Hôtel-Dieu : l’hospitalisation des vérolés des deux sexes et des scorbutiques.
- 1749, Louis XV signe des lettres patentes des statuts améliorant la position hospitalière de l’Hôtel-Dieu.
- en 1759, 1770 et 1772 trois inondations amènent l’eau jusqu’au premier étage de l’Hôtel-Dieu, ce qui détériore les bâtiments.
- 1774, les premiers grands poêles à bois sont installés dans les salles. Jusqu’à cette date, pour avoir chaud (mais pas seulement, aussi par nécessité), les malades étaient placés à trois ou quatre par lit.
- 1779, à partir de cette date, des notables laïcs de la ville de Toulouse vont pouvoir assumer la charge de directeur dans les hospices ; fonction n’appartenant jusque là qu’à des ecclésiastiques. « Une charge lourde mais très prisée » nous disent les historiens. Cette charge devient exclusivement laïque à la Révolution.
- 1789, si la Révolution n’a pas engendré de troubles importants à Toulouse (disparition du Capitoulat en décembre), elle a en revanche des répercussions très importantes sur la gestion et l’administration des hôpitaux.

Originellement destiné à accueillir tous les pauvres malades catholiques et pèlerins qui se présentaient à ses portes, blessés, fiévreux, galeux, « malades de la pierre » etc..., l’Hôtel-Dieu prend en charge progressivement de nouvelles populations : les femmes et les enfants (XVIIème et XVIIIème siècles) ; les vérolés et les scorbutiques (XVIIIème siècle). Il change même de nom. La Révolution va contraindre « l’Hospice de l’Humanité » à accepter tous les malades.

[1] prêtre ou clerc faisant partie d’un Chapitre, une réunion de moines, au début de laquelle on lisait un chapitre de la Règle

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L’Hôtel-Dieu dans la tourmente Révolutionnaire, fin XVIII° siècle

En 1792, Toulouse est Jacobine ... et entourée de campagnes royalistes. La ville s’enfonce dans la crise économique et sociale post-révolutionnaire, l’anarchie règne dans les hôpitaux, elle culmine en 1796 et va se poursuivre jusqu’en 1802. Le changement Révolutionnaire va entériner un rapport plus étroit encore avec la vie de la cité, dans la mesure où l’organisation administrative hospitalière est désormais soumise à la tutelle du Département (1791-1792).

- 1792, la Convention déclare Biens Nationaux les propriétés des Hôpitaux. N’ayant plus de ressources, les Hôpitaux s’acheminent vers la faillite.
- 1793, le « 7 fructidor de l’an 2 », par patriotisme et idéologie, l’Hôtel-Dieu est rebaptisé « Hospice de l’Humanité », tandis que La Grave devient « Hospice de Bienfaisance ». Alexis Larrey devient le chirurgien-major des Hospices.
Les Facultés de Médecine disparaissent, au nom de la liberté d’exercice de la Médecine, ce qui a pour conséquence une recrudescence du charlatanisme qui prospère impunément jusqu’en 1803. Un rapport de Carnot dénonce les Hôpitaux de la ville comme des foyers de contre-Révolution.
- 1794, médecins et chirurgiens sont regroupés par un même diplôme : le doctorat en médecine. La persécution, puis le départ des religieuses désorganisent les soins et aboutissent à une anarchie totale.
- 1798, Devant l’anarchie hospitalière causée par le remplacement des religieuses par des « commères bonnes patriotes », idéologiquement conformes mais incompétentes, l’Etat abandonne les Hôpitaux et met à la charge du budget municipal leur service et leur entretien. (Retour de l’Etat seulement en 1940).

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L’Hôtel-Dieu Saint-Jacques au XIX° siècle

Pendant tout le XIXème siècle, les travaux de consolidation et d’agrandissement de l’Hôtel-Dieu sont devenus nécessaires et souvent urgents. Le « tour » à l’entrée de l’Hôtel-Dieu servant à recueillir les enfants abandonnés, reste en service tout au long de ce siècle.

- 1801, le 3 juillet, création de la Société de Médecine, Chirurgie et Pharmacie de Toulouse : elle se veut à la fois société Savante (conférences, publications scientifiques), dispensaire (consultations gratuites pour les indigents), foyer d’animation, de formation ; elle recrute des médecins. Son but est de compenser le gâchis médical causé par les Révolutionnaires.
- 1804, les Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul sont pendant plus d’un siècle le symbole incontournable des soins infirmiers...ce siècle est aussi le temps d’une médecine partagée entre les « officiers de Santé » et les « docteurs en Médecine » titulaires d’une thèse.
- 1814, le 10 avril, bataille de Toulouse entre les troupes françaises du Maréchal Soult et les troupes coalisées anglo-espagnoles de Wellington. L’Hôtel-Dieu est alors au cœur du système de défense de la rive gauche. Après la défaite française, Wellington visite les Hôpitaux et leur fait même un don pour leur entretien. Les lits de l’Hôtel-Dieu et de La Grave étaient utilisés pour soigner les blessés des deux camps car les hôpitaux militaires étaient insuffisants.
- 1815, été ; venue de la Duchesse d’Angoulême à Toulouse. Elle visite les hôpitaux ; un portrait en a été fait par le peintre Joseph Rocques ; tableau visible encore aujourd’hui dans la salle des Pèlerins de l’Hôtel-Dieu.
- 1825, on identifie les populations et services de soins existant à l’Hôtel-Dieu à ce moment-là : enfants trouvés ; femmes incurables , malades, en couche ; hommes blessés, fiévreux, incurables, galeux (avec autant de salles). Un descriptif semblable réalisé en 1905 témoigne d’une augmentation de ces capacités d’hospitalisation.
- 1831, instauration de l’économat à l’Hôtel-Dieu : de plus en plus d’institutions, de particuliers (architectes, hommes de loi notamment) ont l’Hôpital pour client. C’est un des premiers exemples de professionnalisation de l’administration hospitalière.
- 1834, reconstruction de l’entrée de l’Hôtel-Dieu : édicule dorique avec un porche surmonté au sommet d’une croix, placé sur une rampe d’accès descendante jusqu’au perron. La rampe et le porche ne furent démolis qu’en 1959.
- 1847, la France compte 7000 Cornettes blanches. La première anesthésie générale est faite à l’Hôtel-Dieu sur un enfant de quatre ans atteint d’une lithiase urinaire (calculs).
- 1860, travaux de surélévation d’une partie de l’aile Garonne de l’Hôtel-Dieu (salle des Pèlerins et Chapelle) : c’est le début du grand projet d’achèvement de l’Hôtel-Dieu.
- 1864, l’architecte Delor fait démolir et reconstruire les bâtiments Nord-Ouest de l’Hôtel-Dieu. La chapelle, agrandie et aménagée, reçoit l’apport d’un vitrail du maître verrier toulousain Louis-Victor Gesta. Elle est consacrée le 7 mars 1867 par le cardinal Desprez.

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L’Hôtel-Dieu après l’inondation de 1875

Les inondations ont toujours été le principal fléau récurrent dans la vie des toulousains du quartier Saint-Cyprien. Celles-ci deviennent cependant plus fréquentes et plus meurtrières au XVIIIème siècle, principalement à cause de la déforestation des forêts pyrénéennes pour alimenter en bois les chantiers de la Marine Royale.

- 1875, le 23 juin, le vent d’Ouest, qui apporte plusieurs jours de pluies torrentielles, provoque également une brusque fonte des neiges sur les Pyrénées : la plus grave inondation de l’Histoire de Toulouse survient alors dans le quartier Saint-Cyprien. A 4 heures du matin, les fenêtres du rez-de-chaussée de l’Hôtel-Dieu sont maçonnées par les étudiants ; à 10 h, l’eau monte de 17 cm par minute ; à 14 heures, les malades sont évacués dans l’aile Viguerie (certains même seront évacués par les toits) et à 15 heures l’Hôtel-Dieu est inondé par les égouts ; à 15h45 La Grave est complètement inondée ainsi que le premier étage de l’Hôtel-Dieu. A 23 heures, alors que l’eau a atteint le niveau de 9,47 mètres, les sauveteurs se regroupent à l’Hôtel-Dieu. Le 24 juin au matin, les eaux s’étaient retirées.
Le bilan de cette catastrophe s’élève à 208 corps retrouvés...et 953 maisons détruites. Les eaux ont atteint la côte de 9,75 m ; les rez-de-chaussées de l’Hôtel-Dieu et de La Grave sont sérieusement endommagés ; l’eau arrivait au dessus du premier étage des bâtiments, emportant tout. Les journaux illustrés de l’époque évoquent une véritable catastrophe. Le montant des dégâts est évalué à 12 317 275 francs (une somme colossale pour l’époque).
Le Maréchal Mac-Mahon visite le quartier le 26 juin.
Devant l’ampleur des destructions, vont se succéder plusieurs projets qui ne vont trouver leur épilogue qu’aux alentours des années 1950 : une autre crue en 1952 va décider la ville à compléter le réseau de digues.
- 1876, début de la campagne de rénovation des Hôpitaux après l’inondation, campagne qui a duré jusqu’en 1893.
- 1889, trop de mortalité à l’Hôtel-Dieu : installation de la Maternité à la Grave avec l’école d’accouchements.
- 1891, le 3 novembre, une proposition du Conseil Municipal, largement anticlérical, demande le retrait de toutes les Religieuses des services hospitaliers, en prétextant des économies budgétaires ; c’est le début du long débat sur la laïcisation des Hospices.
- 1893, Rénovations très importantes à l’Hôtel-Dieu, toujours dans le programme d’aménagements nouveaux : salles plus vastes, plus hautes, bien éclairées, plus ventilées.
- 1896, le 7 octobre, une loi définit le statut de l’Hôtel-Dieu institué pour un siècle et demi. Au terme de cette loi, les administrations communales ont compétence pour la surveillance des hôpitaux, la gestion des biens, l’administration intérieure et le renvoi des malades. L’évolution des charges d’administration renforce aussi la présence des notables urbains.

D’un point de vue général, la seconde moitié et la fin du XIXème siècle sont marquées par les progrès industriels, scientifiques, sociaux. L’hygiène hospitalière se développe ; Louis Pasteur (1822-1895) transforme la Médecine grâce à ses travaux sur les fermentations et les microbes ; En 1882 Robert Koch identifie le bacille qui portera son nom ; l’électricité trouve des applications médicales : électrothérapie et électrodiagnostic, autrement dit les Rayons X découverts par Roëtgen en 1895. La même année, la première seringue en verre est fabriquée

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L’Hôtel-Dieu dans la 1ère moitié du XX° siècle

En 1900, la moitié du territoire toulousain est agricole. Nombre de petits métiers sont liés à l’agriculture. Lardenne, Lalande, Croix-Daurade, Saint-Simon et Pouvourville ne sont encore que de petits villages.

- 1901, ouverture de l’Ecole d’Infirmiers et d’Infirmières : pour la première fois les soins deviennent un métier après obtention d’un diplôme délivré par l’Etat.
La même année voit le début des travaux d’assainissement de l’Hôtel-Dieu pour remédier aux infections nosocomiales. En effet, celles-ci pouvaient êtres favorisées par la situation géographique de l’Hôtel-Dieu : au sein du quartier Saint-Cyprien qui abritait 7 à 8 boyauderies, dépôts d’os et maroquineries. De plus, les vents d’Ouest rabattaient à l’Hôtel-Dieu ces émanations malsaines.
- 1906, les capacités d’hospitalisation de l’Hôtel-Dieu sont insuffisantes ; le projet de construction d’un hôpital hors de la ville, à Purpan, est déposé.
-  1914-1918, même si Toulouse se trouve loin du front, les réfugiés arrivaient en nombre.
- 1916, un projet des Ponts-et-Chaussées de l’ingénieur Pendariès prévoit de démolir l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques et l’Hôpital de La Grave ainsi que le Pont Neuf ! On les accuse de favoriser les inondations en formant un goulet d’étranglement à ce niveau de la Garonne. Les Académies et les Toulousains de Toulouse sont en désaccord et c’est le début d’une longue « bataille » à ce sujet jusqu’en 1918 débouchant sur un abandon du projet. Le Pont Neuf est remarquablement bien construit (seul pont de la ville qui a résisté à l’inondation de 1875 et qui a permis l’acheminement des secours jusqu’au quartier Saint-Cyprien).
- 1921, instauration officielle du concours de l’Internat des Hôpitaux de Toulouse.
- 1925, en première année d’études de Médecine à Toulouse, on compte 100 étudiants et ...1 étudiante ; elles sont trois lors de la promotion suivante.
- 1935, la première Sœur Infirmière diplômée d’Etat arrive dans les hôpitaux.
- 1937, on compte 400 malades à l’Hôtel-Dieu pour 30 Sœurs ; 1 chef de service par salle ; 85 internes et externes ainsi que les premières infirmières civiles arrivées deux ans auparavant.
- 1940, afflux massif à l’Hôtel-Dieu de réfugiés épuisés, de malades, de mourants qu’il faut tenter d’héberger dans de grandes salles. L’Hôpital est alors summergé et en rupture de médicaments.

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L’Hôtel-Dieu dans l’après-guerre

La Seconde Guerre Mondiale transforme la Médecine en profondeur ainsi que l’organisation de l’Hôtel-Dieu, comme celle de tous les hôpitaux du monde.
C’est également après la Guerre que tout le système administratif hospitalier va prendre de l’ampleur, notamment avec l’instauration de la Sécurité Sociale en 1945. Le rôle du directeur devient là aussi plus important. Le développement de l’administration évolue en parallèle des services médicaux, soignants et techniques.

- 1946, on commence le déménagement de certains services de l’Hôtel-Dieu vers Purpan.
- 1947, installation à l’Hôtel-Dieu de l’Ecole d’Infirmiers et d’Infirmières et d’Assistantes Sociales.
- 1949, destruction de la pile du Pont Couvert restante au milieu de la Garonne.
- De 1954 à 1957, les constatations depuis longtemps énoncées sont prises en considération : l’Hôtel-Dieu, dont le bâti « travaille » au rythme des mouvements du fleuve, se fissure ; le bâtiment amont le long de la Garonne se lézarde. Des travaux de consolidation intérieur et extérieur de l’Hôtel-Dieu vont être entrepris.
L’architecte R. Trilhès va jouer un grand rôle dans la défense de l’Hôtel-Dieu contre l’affaissement : la structure générale va être renforcée par des poutres en béton et les pieux de bois, qui supportent les murs de brique, vont être noyés dans des structures de béton enfoncées de trois mètres dans le tuf (roche poreuse légère) du lit de la Garonne.
Les travaux vont durer trois ans et l’Hôtel-Dieu va prendre l’aspect que nous lui connaissons aujourd’hui.

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L’Hôtel-Dieu du XX° siècle

Les années d’après-guerres ont été nommées « Trente Glorieuses » pour symboliser les grands bouleversements économiques, géographiques, sociaux et urbains des années 1950 au début des années 1970. Les Hôpitaux du pays vont eux aussi connaître de profonds changements, notamment grâce à la hausse démographique qui va impliquer des réformes nécessaires dans la capacité d’hospitalisation (à partir de 1962 jusqu’à nos jours, les régions du Midi ont gagné plus de 3,5 millions d’habitants). En 1963, Toulouse est qualifiée de « métropole régionale d’équilibre ».

- 1958, création du CHU, Centre Hospitalier Universitaire qui réunit tous les Hôpitaux.
- 1959, le portique-péristyle d’entrée de l’Hôtel-Dieu et la rampe de descente venant du Pont-Neuf sont démolis.
- 1970, une loi rattache l’Hôpital à la commune.
- 1975, transférée un moment à Purpan, l’administration revient à l’Hôtel-Dieu après la construction de Rangueil.
- 1980, les chaudières à charbon, en service à l’Hôtel-Dieu comme à La Grave depuis les années 1940, ne permettent plus malgré leur longévité d’assurer sans de très gros risques la continuité du chauffage. Une chaufferie de type modulaire utilisant le gaz de ville est mise en service.
- 1981, la Direction générale du CHU s’installe à l’Hôtel-Dieu, elle va être rejointe progressivement par toutes les directions centrales.
- 1982, un plan arrêté par le conseil d’Administration veut faire de l’Hôtel-Dieu le centre administratif et de gestion du CHRT.
- 1983, décembre, départ de la dernière Sœur des hospices.
- 1985, 15 octobre, naissance de l’Association Des Amis de l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques et de La Grave.
- 1987, le dernier service d’hospitalisation quitte l’Hôtel-Dieu : il s’agit du service de stomatologie qui part sur Purpan. Le dernier malade alité quitte l’Hôpital. Les Hôpitaux de Toulouse tournent alors une page de leur histoire. La DRH s’installe la même année.
Le site devient alors exclusivement le pôle administratif du CHU de Toulouse.
- 1996, le 3 mai, inauguration en présence du ministre de la Culture Philippe Douste-Blazy du Musée d’Histoire de la Médecine à l’Hôtel-Dieu. Musée créé par le professeur Jean-Charles Auvergnat sous l’égide de la Société de Médecine de Toulouse. Il est installé dans l’ancienne pharmacie de l’Hôtel-Dieu ; les collections étaient jusque-là hébergées au 2ème étage de l’Hôtel-D’Assezat.
La muséographie se veut autant esthétique que technique. Il ouvre ses portes au public au mois de juin.
- 1998, l’UNESCO a inscrit les Chemins de Saint-Jacques de Compostelle en France sur la liste du Patrimoine Mondial. A Toulouse, deux sites sont choisis pour illustrer localement le Pèlerinage : la Basilique Saint-Sernin et l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques.
- le 3 mars 2003, inauguration de l’espace jean de Rudelle et du Centre Européen de Recherche sur la Peau et les Epithéliums de Revêtement des laboratoires Pierre Fabre dans l’aile Jean de Rudelle (anciennement nommée Aile Viguerie)
Ce laboratoire mixte public/privé consacré à l’étude de la peau accueille 50 chercheurs issus des secteurs public et privé.

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Evolution architecturale de l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques (XIIe-XXIe siècle)
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